Caractéristiques
1. UN ARBRE D'ALTITUDE
2. TETE AU SOLEIL ET PIED AU FRAIS
3. UN PARASITE : LA TORDEUSE
4. UNE ALLIEE LA FOURMIE
5. LE MELEZE ET L’HOMME
UN ARBRE D'ALTITUDE
Commun dans les Alpes, de la France à l'Autriche, entre 1000 m et 2 400 m d'altitude , le mélèze d'Europe se développe aussi à basse altitude dans les montagnes d'Europe centrale. En France, c'est dans le Briançonnais, le Queyras et 'Embrunais qu’il trouve sa plus grande extension. I1 pousse aussi dans les vallées du Champsaur, toujours dans le Département des Hautes-Alpes, mais encore dans la vallée de la Maurienne, en Savoie et enfin dans les Alpes Méridionales (vallées de l’Ubaye, de la Tinee et de la Vesubie). On en trouve aussi, dispersés, dans bon nombre de forêts françaises.
TETE AU SOLEIL ET PIED AU FRAIS
Forestiers et botanistes appellent le mélèze une “essence de lumière” car cet arbre a besoin de beaucoup de lumière pour se développer. Mais il lui faut aussi beaucoup d’eau pour vivre et il préfère les sols frais et bien aérés. C’est pour cette raison, qu’on le trouve aujourd’hui plutôt sur les versants exposés au Nord (les ubacs), à basse et moyenne altitude. Plus haut, il occupe des versants plus ensoleillés, (les adrets). Sa situation s’explique aussi par la place que lui a laissée l’homme. Les versants chauds ont été utilisés en agriculture et en prairies à faucher repoussant le mélèze en altitude.
UN PARASITE : LA TORDEUSE
Pour le forestier, L’examen de la coupe d'un arbre est source de renseignements utiles . II y découvre l' âge de l' arbre , les années de croissance difficile . C'est par cette observation qu ' on a pu dire que la tordeuse pouvait avoir une influence sur la croissance de l'arbre, mais le manque d’humidité, de lumière ont les mêmes effets. La tordeuse du mélèze ne connaît guère d'ennemis car les soies (filaments dont elle s'entoure) la protègent des appétits des fourmis ou des oiseaux. En fait l'action de la tordeuse est plus spectaculaire que ravageuse et ne paraît pas devoir être absolument combattue car nous sommes loin encore de tout savoir sur elle et son action dans le mélézéin.
UNE ALLIEE LA FOURMIE
La présence de fourmis dans le mélézéin est chose courante. C'est d'abord le nid qui retient notre attention avec son dôme pouvant atteindre jusqu’à 2 mètres de haut et 3 mètres de diamètre a la base. Le dôme n'est que la partie apparente du nid, construite au-dessus du sol à l'aide de brindilles, d'aiguilles de mélèzes et de boules de résine. Mais les galeries s'enfoncent dans la terre et de nombreuses salles sont confectionnées sous les racines d'une vieille souche. Ce sont des insectes prédateurs qui capturent des proies en grand nombre et nettoient les cadavres (une estimation: 200 g d'insectes par jour pour un nid moyen). La fourmi aère aussi le sol, et l’enrichit par le transport de graines et de cadavres d'insectes (fourmis comprises). Le nombre et la taille des nids de fourmis témoignent de 1a bonne santé d'une forêt. Si les nids disparaissent ou sont déserts, c'est que la forêt est en danger.
LE MELEZE ET L’HOMME
Les botanistes appellent généralement zone de “ pré-bois” la forêt de mélèze parce que c'est une forêt claire qui abrite souvent de belles pelouses. A l’époque où le montagnard n’était qu'agriculteur, il a trouvé avec le mélézéin la forêt idéale, des pelouses grasses convenant bien à son élevage de bovins, un arbre résistant, au bois dur et imputrescible. En effet le bois de mélèze est riche en résine, celle-ci bouche les pores du bois et le rend imperméable, il résiste ainsi mieux que d'autres à la pourriture. Le charpentier apprécie le bois très résistant du mélèze, car les charpentes des maisons de montagne doivent être capables de supporter un lourd manteau neigeux. On voit encore les toitures de petites planches qui remplacent les tuiles ou les ardoises. On les appelle bardeaux dans les Hautes-Alpes ou tavaillons et ancelles en Savoie. Des gouttières, des abreuvoirs, des rigoles d’écoulement et même des balcons comme en Vallouise et dans le Queyras sont fabriqués à partir du mélèze. Bien que ce soit un bois très long à sécher et qui travaille beaucoup, les montagnards apprécient sa chaude couleur orangée à l’intérieur des maisons: vaisseliers, pétrins et autres meubles, lambris et escaliers sont très souvent en mélèze dans la maison montagnarde. On peut citer des utilisations plus anciennes ou plus originales.
La résine était aussi récoltée grâce à des trous creusés dans le tronc et bouchés chaque hiver. Elle entrait dans la composition de bon nombre de produits et de médicaments d'alors. La résine de mélèze (extraite de mai à septembre) a la propriété de rester fluide. Elle servait à préparer des vernis et des laques; des peintres comme Van Eyck et Rubens, l'utilisaient sous le nom de térébenthine de Venise. A noter qu’une matière blanche et sucrée, sécrétée par les aiguilles de mélèze, était récoltée et utilisée en pharmacie sous le nom de manne de Briançon que M. Lancelot célébrait en 1721 comme l'une des sept merveilles du Dauphiné.
L'écorce riche en tan, était réduite en poudre et servait à tanner les peaux, les transformant en basane. Une tannerie existait à Arvieux en Queyras.